Le rodage est terminé. Et les premières Symbol, une cousine de la Logan de Dacia, sortent de la toute nouvelle ligne d’assemblage de Renault installée à Oran en Algérie. Après trois ans de longues et ardues négociations, un an de construction de l’usine, ce premier site de production a été inauguré, lundi 10 novembre, par Carlos Ghosn, le PDG de Renault, en présence d’Abdelmalek Sellal, le premier ministre algérien, de Laurent Fabius et Emmanuel Macron, les ministres français des affaires étrangères et de l’économie.
Ce nouveau site doit produire 25 000 véhicules par an, avec une seule équipe d’assemblage, soit environ 350 employés, pour le marché algérien. A moyen terme, la cadence de production de sept véhicules par heure devrait doubler. Avec des recrutements supplémentaires, la production pourrait atteindre 75 000 véhicules par an.
PETITE UNITÉ
A l’échelle de Renault, le nouveau site d’Oran est une petite unité de production, comme il en dispose déjà avec son usine de la Somaca à Casablanca, au Maroc. Un site qui emploie 1 500 salariés et peut produire jusqu’à 78 000 véhicules par an.
Rien à voir en revanche avec l’usine de Tanger et ses 5 500 employés, configurée pour produire, pour l’exportation, jusqu’à 400 000 véhicules par an dans le royaume chérifien.
En Algérie, Renault ne s’est pas implanté tout seul. L’usine est codétenue par l’Etat algérien à hauteur de 51 % – la Société nationale des véhicules industriels (SNVI) prendra 36 % et le Fonds national d’investissement algérien 15 %. Le gros de l’investissement, 50 millions d’euros pour le lancement de l’usine d’Oran, est donc de fait porté par l’Etat.
Mais pour le pays, ce type d’investissement est stratégique afin de diversifier son économie, aujourd’hui beaucoup trop dépendante de la vente d’hydrocarbures.
DEUXIÈME MARCHÉ DU CONTINENT AFRICAIN
Produire des voitures était une évidence, puisque le marché automobile local est devenu le second du continent africain derrière l’Afrique du Sud.
Depuis 2005, le marché algérien est ainsi passé de 100 000 immatriculations annuelles de véhicules particuliers et utilitaires à plus de 437 000 en 2012, selon les données du cabinet Inovev.
Les aides et autres rappels de salaires non versés des fonctionnaires ont fortement stimulé le secteur. Mais à partir de 2013, le marché s’est replié avec la fin des aides ou leur réorientation vers le logement.
En 2013, le marché a atteint 400 000 ventes et devrait tout juste atteindre le niveau des 300 000 ventes en 2014.
« Même s’il revient à des niveaux plus bas, il reste un marché d’avenir, juge un professionnel. Le taux de motorisation reste faible, à 130 véhicules pour mille habitants, soit trois à quatre fois moins qu’en Europe. »
LES MARQUES FRANÇAISE BIEN PLACÉES
Sur ce marché, les marques françaises sont historiquement bien placées. Renault en détient 25 %. Sur les neuf premiers mois 2014, il a vendu 68 000 véhicules, dont de nombreuses Symbol importées de Turquie, l’usine mère de ce modèle. En Algérie, seules les versions haut de gamme de la Symbol seront assemblées.
Peugeot, le deuxième acteur du marché, a lui écoulé, depuis le début de l’année, 38 000 exemplaires.
Avec un tel marché, une petite production domestique est viable. En marge de l’arrivée de Renault, le pays s’est doté d’une usine à Tiaret (nord-ouest) pour assembler des véhicules 4 x 4 siglés Mercedes et destinés à l’armée, tandis que le chinois FAW a signé un protocole d’accord il y a un an pour construire une usine d’assemblage d’une capacité de 10 000 unités par an.
Pour accompagner ces investissements, Alger veut doter le pays d’un tissu de fournisseurs automobiles.
Pour l’usine Renault, l’objectif est d’atteindre un niveau d’« intégration locale » des pièces assemblées dans la Symbol de 42 % à terme, contre 12 % à 17 % aujourd’hui.
Cette version "logan" estampillé Renault sous le nom de SYMBOL, vient en remplacement de la symbol version 2010
et de la version 2002